MEMORUS - Entretien avec...

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...Editeur/journaliste, Lyon Webstub

Note: Lyon Webstub est devnu Lyon Newsmag au printemps 2001. Ce "news magazine régional" a ensuite fermé cet été.

L'entretien se déroule au sein des locaux de Lyon Webstub. Le bureau du webmaster est situé juste après la porte d'entrée, alors qu'avant il était dans la deuxième salle (on ne le voyait presque pas). C'est donc la première personne qu'on rencontre quand on rentre. Il n'a presque aucun horaire, puisqu'il peut, aussi, travailler chez lui avec son portable notamment.

       

 

 

 

 

Présentation

Fonction : webmaster (jusqu'au printemps 2001)

Formation : universitaire (historien-géographe)

Expériences professionnelles : Il a travaillé dans la presse locale. En 2000, il a rencontré avec Daniel Doppler, directeur général et un des initiateurs de ce projet, à Paris. Puis ils ont créé cette agence en mars 2000.

Site: http://lyon.webstub.com, devenu http://lyon.newsmag.fr : site fermé fermé en été 2001.

Petite précision: si jusqu'ici le prénom et le nom de l'interviewé étaient clairement affaichés avec l'accord de l'intéressé; cinq ans plus tard, les propos tenus ici poseraient problème.  D'où une demande d'anonymat. Je la respecte bien entendu. D'où le "E." foisant office de "X". (janvier 2006)
  Actualité

Infos sur le site

PLAN DU SITE

Pour me contacter: 

rcharbonnier@yahoo.fr

   Question : Pourriez-vous me préciser votre rôle au sein de cette agence ?

Editeur : Au départ, j'ai été engagé que comme webmaster : pour la mise en ligne des articles et pour gérer les médias. Il y a trois médias : fissa-fissa, le moteur de recherche, qui marche presque tout seul, puis les deux autres demandent un peu plus d'entretien. Après, c'est construire les pages HTML, les bases par rapport à une charte graphique qui nous a été donné. Ca veut dire mettre en page les articles même si Julien et Séverine (les rédacteurs) en font pas mal à ce niveau-là. Ca veut dire faire le référencement des articles, pas uniquement en tant que webmaster de ce site mais ceux des clients, même s'il y en a pas beaucoup. Cela veut dire concevoir des dossiers spéciaux et puis, c'est, comme tout le monde dans cette agence, chercher des partenaires pour l'activité commerciale. Cela m'arrive d'écrire des articles aussi. Mais, ça, c'est un choix personnel car je ne suis pas payé pour ça. C'est faire des papiers pour la weblife, les z'humeurs, l'opéra… Comme on a conclu un partenariat avec l'opéra de Lyon, moi, je m'occupe de toute la partie lyrique.

Q : Donc, vous avez un rôle polyvalent ?

E. : Oui, complètement. Sinon, la responsabilité de l'agence, c'est extrêmement flou. En fait, il fallait quelqu'un qui serve d'intermédiaire avec l'agence de Paris. Donc, tout ce qui est administratif, répercuter les informations.

Q : Cela vous ne gêne pas d'avoir des tâches aussi différentes?

E. : La polyvalence est intéressante car j'ai l'impression de ne pas m'ennuyer. Maintenant, c'est vrai que c'est un gros handicap. J'ai l'impression de ne pas progresser dans certains domaines. Mais étant donné, que ce sont des métiers très aléatoires ou en devenir… A chaque fois qu'on trouve une nouvelle activité dans ce domaine, on invente un nouveau mot. En fait, on met des mots sur des nouveaux métiers qui vont évoluer mais qui sont en train de se spécialiser. Parce que maintenant, on s'aperçoit qu'il faut un petit peu compartimenter le travail.

Q : Cela fait depuis combien de temps que vous connaissez Internet ?

E. : J'ai commencé m'y intéresser en tant consommateur en 1998. En 1999, j'ai commencé à construire des petits sites, des choses comme ça. Et puis là, je travaille dessus depuis mars 2000.

Q : Comment avez-vous été formés pour maîtriser cet outil ?

E. : C'est vraiment de l'auto-formation. Maintenant, il commence à avoir des formations sérieuses mais qui coûtent extrêmement chères. J'ai eu quelques formations professionnelles. Internet donne le moyen d'utiliser et de fabriquer un site. On trouve tous les outils nécessaires pour progresser.

Q : Qu'est-ce qui vous attire dans cet outil ?

E. : Quand j'étais adolescent, jusqu'à 18-19 ans, j'avais fait de la radio à l'époque que les radios libres commençaient. Je trouve qu'il y a le même esprit qui souffle sur ces starts-up. Alors, moi, ce qui m'intéresse ici, c'est le fait que c'est un média, un journal. C'est essentiellement pour ça que je suis rentré ici. Il y a le côté nouveau, le côté pionnier, où il y a tout à construire. Et se dire qu'il n'y a pas cette barrière, cette distance et qu'on peut te regarder de tous les côtés du monde.

Q : Vous comparer la période actuelle avec celle des radios libres à ses débuts…

E. : Il y a le côté pionnier. Oui dans un certain sens, puisque c'est nouveau média, je pense à la Webstub en particulier. Il faut s'installer, il faut créer une nouvelle audience, il faut créer un nouveau besoin. Il faut trouver des sources de financement, et ce n'est pas la chose la plus facile. Mais avec la loi Fillioud, en 1982 je crois, ces radios avec ce statut associatif n'avaient pas le droit de faire de la pub. Actuellement, même s'il y a des régies publicitaires, il y a très peu de pub sur Internet. Il y a le côté aventure. Je n'ai pas l'impression de me sentir professionnel à côté des gens de la radio. J'ai l'impression de faire du bidouillage en permanence et qu'on est train d'inventer très très vite des nouveaux métiers.

Q : Vous avez déjà travaillé dans la presse écrite. Faîtes-vous une différence, au niveau du travail, entre la presse écrite et Internet ?

E. : L'écriture n'est pas la même. On écrit d'un manière plus " visuelle ". Car il faut accorder plus d'importance encore au chapeau, il faut être plus bref. Dans ce média-là, on fait plus attention aux images, aux illustrations. La mise en page est peut être plus carrée mais en même temps, elle peut s'étirer à l'infini. donc, il n'y a pas la contrainte du nombre de signes. Par rapport à la presse écrite, je pense qu'on a un côté moins sérieux, qu'on a plus de liberté.

Si on veut comparer à la PQR, la PQR s'endort doucement, elle est groggy. Par contre au niveau des hebdomadaires, nous, nous avons la chance sur Lyon d'avoir Lyon Capitale, même si, lui aussi, commence à prendre des habitudes, à s'enfermer dans une sorte de protestation permanente, de petites routines… Mais nous avons de la chance d'avoir ça sur Lyon. Donc, globalement, je pense franchement qu'on ne fait pas la même chose. Pour l'instant, plus de liberté, parce que le temps est encore mal défini, on a très peu de surveillance au niveau du comité de rédaction, avec des papiers à faire… On s'est auto-discipliné avec quelque chose qui tient à peu près la route. En fait, c'est le style de chacun qui a permis qu'on est arrivé à quelque chose.

Q : Vous pouvez définir la ligne éditoriale du site ?

E. : Au départ, on était parti sur ce projet pour faire un journal satirique. On voulait faire un site satirique pour parler de politique, critique, faits divers, etc. genre le Canard Enchaîné lyonnais. Après, on a été recruté. Il y a comme même un rubriquage dans la Webstub. On a commencé à remplir des rubriques qui ne sont pas forcément des rubriques qui ressemblent à du satirique. Donc, on a continué à avoir un ton extrêmement libre. On n'a jamais eu d'ennui. des gens ont râlé pour certains articles mais enfin… On n'est pas non plus un vrai journal satirique mais cela nous arrive de faire, une fois tous les quinze jours, un truc parfois explosif. En ce moment, Julien, sur les municipales, il se défoule. Je crois que le ton est léger. On essaye de s'adresser à des jeunes en évacuant toute la lourdeur que peut avoir la PQR. Je ne pense pas qu'on a d' " intellectualisme ", ni d'engagement universitaire. On veut d'abord se faire plaisir en écrivant. C'est ça l'intérêt.

Q : Vous connaissez le public de la Webstub ?

E. : On a réussi à toucher la cible que la boîte s'était définie au départ : les 20-35-40. Je crois que lorsqu'on rencontre les gens qui nous lisent de temps en temps, c'est à peu près ça : soit des jeunes parents, soit des étudiants, des jeunes actifs. C'est normal parce que ceux qui sont au-dessus de 45-50 ans sont peu nombreux, enfin ceux qui sont consommateurs chez eux. Et quand ils sont consommateurs chez eux, c'est pour un truc, comme, par exemple, la pétanque… Mais ils ne vont pas s'ouvrir à d'autres sites. C'est juste mon avis.

Q : Vous avez déjà rencontré des internautes ?

E. : On rencontre les gagnants des jeux. Ce sont des gens qui sont actifs et qui nous regardent souvent de leur bureau. On a vraiment des pics d'audience entre 8 heures du matin et 17 heures. Après 17 heures, il n'y a personne. Ces gens-là, je pense ce qu'ils préfèrent, c'est la rubrique spectacle. C'est celle-ci qui est la plus consultée. Ensuite, ils viennent pour les dotations sur le site : les jeux.

Q : Les retours sont positifs ?

E. : Ils sont assez positifs, sauf ce qui concerne la correction, car on n'a très peu de moyens. On a vraiment des efforts à faire à ce niveau-là. Donc il y a beaucoup de boulettes qui passent…

Q : Les gens viennent comme même pour l'actualité ?

E. : Oui, mais on ne tient pas la rubrique actu assez souvent. Il n'y a pas de périodicité. Normalement elle devrait être renouvelée tous les jours mais cela demanderai plus de moyens. Mais je pense qu'on n'y arrivera pas (rire). Je ne veux pas être pessimiste mais…

Q : Il s'agit plus d'un hebdomadaire ?

E. : Oui.

Q : Vous êtes satisfait au niveau de l'audience ?

E. : cette semaine, on a multiplié notre audience par 4 par rapport au mois de juin 2000, c'est-à-dire en 6-7 mois. C'est assez sympa. Au mois de juin, on avait un certain nombre de connexions, peut-être les gens venaient pour nous découvrir… Je pense que le public est en train de se renouveler. Maintenant, il y en d'autres qui nous regardent et on est train de toucher d'autres gens qui sont bien au-delà de notre cercle de connaissance parce qu'on est sur des moteurs de recherche, parce qu'on est sur d'autres sites, etc.

Q : Quand avez-vous ouvert le site ?

E. : 1er avril 2000.

Q : A partir de là, comment s'est déroulée l'implantation du site à Lyon ?

E. : Le gros travail a été de se faire connaître auprès de ceux-ci qui donnent des informations : agences de communication, attachés de presse… Il fallait passer des dizaines, voire des centaines de coups de fils, faire des courriers, des fax… D'autant plus qu' média Internet, même si Webcity a ouvert la voie, auprès de ces gens-là il n'est pas crédible. Il a fallu faire donc ses preuves : on disait aux gens que tel jour à tel heure, l'article va être mis en ligne. Je pense qu'au niveau de la culture, ils ont réussi à faire des choses plus sérieusement, car ils ont réussi à devenir un média sérieux, d'avoir une certaine crédibilité.

Q : Vous avez des difficultés pour accéder à l'information ?

J.S. : Non, non, je ne pense pas. Temps en temps, on se dit " tiens on n'est pas invité tel endroit ". Mais, ça, ce son les privilèges des journalistes qui sont extrêmement gâtés. Il y en a, ils sont tellement gavés qu'ils ne se posent plus de questions.

Q : Et comment s'est passé le travail en amont pour créer le site ?

E. : Alors le travail en amont, ça été… Ben là, ça a pas été très rigolo parce qu'il a fallu trouver un local, trouver les meubles, faire toutes les démarches administratives, équiper de matériel informatique. Après, ç'était… En fait, on était abreuvé d'e-mail de Paris pour dire qu'il faut faire ça, ça et ça, le ton de la Webstub c'est ça. En même temps, il a fallu bâtir le site avec un éditeur. Moi, je ne savais pas trop aller dans le code source. Donc il fallait construire avec Golive. Je conçois le site de A à Z avec la charte graphique qu'on avait. Il y a eu des périodes stress intenses parce qu'on devait ouvrir le 1er avril et on a réussi. Mais, bon, on a passé des nuits entières. Et, moi, à l 'époque, j'étais toujours enseignant dans trois endroits différents. Mais bon… on a ouvert.

Q : Pourquoi êtes-vous implantés dans le 6ème ?

E. : On cherchait un endroit où tout le monde puisse venir facilement, donc pas très loin d'une station de métro. Il se trouve qu'on est deux à habiter dans le coin. C'était plus pour trouver dans les rues adjacentes où on habite qu'on a fait les agences immobilières qui étaient dans le coin. On a vu des locaux qui étaient aussi dans la presqu'île. On a évité la Croix-Rousse pas parce qu'en voiture c'est pas… Puis on a trouvé celui-là assez rapidement. On a eu des difficultés là aussi administratifs. Notre patron ne nous a pas fourni suffisamment d'éléments pour donner les garanties suffisantes pour le loyer et les locaux. Il nous manquait des papiers de telle année… Donc on n'a pris où les gens étaient les moins regardants parce que nous on avait marre de courir après les papiers.

Q : Maintenant que vous êtes implantés depuis plusieurs mois, considérez-vous travailler normalement, dans de bonnes conditions ?

E. : Non, bien sûr que non.

Q : Il y a encore pas mal de choses à faire ?

E. : Il y a tout à faire. Il y a une structure hiérarchique, un encadrement à faire. Sans vraiment parler de hiérarchie dans l'organisation du travail, il y a à embaucher d'autres personnes, il y a un peu de rigueur à avoir de notre part parce qu'on est un peu en roue libre. Il y a des moins à donner du point de vue matériel. On a le projet de mettre de la vidéo sur le web où il y a une concurrence terrible. Voilà l'essentiel ce qui nous manque, et c'est énorme.

Q : Vous comptez intégrer la vidéo et le son plus tard ?

E. : Oui, oui.

Q : Pourquoi ?

E. : Parce que, par rapport à la télé, le web peut apporter ce qu'il n'existe à la télé ou à la radio, c'est-à-dire : choisir le moment et la séquence qu'on veut voir. A la différence du câble, là, on clique sur la séquence qu'on veut. Et puis, en amont, il peut y avoir un travail, un montage. Et cela peut se faire très très vite. On peut faire soit du direct, soit une diffusion que veut faire l'utilisateur. Ca, c'est un atout considérable. Le problème pour l'instant, c'est que l'image n'est pas bonne. Parce que les images sont compressées, cela s'appelle du streaming vidéo. Et que si on n'a pas la qualité de modem ou de liaison pour voir correctement, on voit les images un peu floues. Par contre, pour le son, c'est au point, c'est très au point.

Q : Vous utilisez du son ?

E. : Oui, parfois. Là, j'ai passé des extraits de la Vérité si je mens 2, parce que quelqu'un est allé voir l'équipe du film.

Q : C'est une sorte de valeur ajoutée ?

E. : C'est vraiment la cerise sur le gâteau pour l'instant.

Q : En fait le seul problème, aujourd'hui, pour diffuser de la vidéo, c'est la vitesse de connexion ?

E. : Oui, c'est uniquement la vitesse de connexion. Sinon, tout est au point. Maintenant cela dépend de la vitesse de connexion que peuvent avoir les gens.

Q : Le journaliste, plus tard, devra savoir écrire, faire de l'image et du son ?

E. : Je pense que ce qu'on fait actuellement est en train de remettre en cause le métier de journaliste. Alors, soit les personnes qui travaillent sur le web continuent à être polyvalentes, soit elles deviennent des journalistes. Mais est-ce qu'un site pourra " se payer " un cameraman, un journaliste qui ne s'occupe que d'écrire, un monteur… ? Non, je pense qu'ils continueront à tout faire. Donc on appellera ça " rédacteur on-line "… Je pense qu'ils auront toujours plusieurs cordes à leur arc, même s'ils vont se spécialiser par ailleurs. Donc, cela remet en cause ce métier parce qu'il faut… on arrive à une endroit avec la caméra, on va rencontrer la personne qu'il faut interviewer, on va la filmer, on va faire le montage, on va même faire la mise en ligne. On fait à la fois un travail éditeur, de journaliste. Tout est mélangé. Donc les journalistes, ils nous regardent et se demandent " qui sont ceux là ? ".

Q : En terme de reconnaissance, pour l'instant, on vous regarde, comme vous le dîtes, " bizarrement " ?

E. : Oui. Je crois… Moi, je n'aime pas les journalistes. Ce sont gens qui sont spécialisés dans un domaine et qui ont l'impression de tout savoir… Et plus leur métier évolue, moins ils sont moins ouverts. Avec les gens que j'ai pu croiser à Lyon Matin ou au Figaro, où ils ne s'occupent que de leur domaines et des gens qu'ils connaissent. Le but de leur vie, c'est se faire inviter le plus possible pour aller dans des superbes cocktails. Mais, même, s'il y en a encore qui font ce métier noblement. Car, de temps en temps, ils font un peu d'investigation. mais, parler des spectacles, c'est être super gâté. On vous appelle, vous êtes invités. Evidemment, il faut un minimum de sens critique et une bonne plume pour un article sur un spectacle. Donc, ces gens-là qui nous voient débarquer, ils se disent : " tiens des petits jeunes qui font plusieurs choses en même temps, donc ils vont faire mal leur travail forcément ".

Q : Pouvez-vous intégrer, alors, leur cercle ?

E. : Oui. On arrive à intégrer grâce aux gens qui nous trouvent sympathiques. Il y a toujours des gens qui nous disent : " tiens, c'est nouveau. Ils nous apportent du sens neuf… " Puis, finalement, c'est là qu'on rencontre les gens plus sympa. Mais, je crois sincèrement en dehors du fait qu'il est très difficile de lire un article, on arrivera à un moment à être… on ne nous regardera plus de haut parce qu'on sera plus lu que la presse papier, plus regardé que la télé. C'est facile, parce qu'il y a plus en plus de gens qui se connectent à Internet ; on peut nous regarder de partout, par exemple pendant la journée lorsque les gens sont au travail. Et, les contraintes techniques sont de moins en moins importantes. Donc, par ailleurs, si on survit et qu'on a les moyens… j'ai peur aussi que les gros médias fassent ce qu'on fait, et là on est foutu.

Q : Ainsi, potentiellement, ces sites pourraient concurrencer les journaux tel Le Progrès ?

E. : Oui, oui, c'est ce que veut faire Viva. Ben, concurrence et, en même temps, toucher un autre public.

Q : Mais l'arrivée de Voila Lyon et de Viapolis, ce ne sont pas des concurrents dangereux pour vous ?

E. : Je pense qu'on peut survivre. Soit on survit, et on vivotte pendant quelque temps, et on finit par avoir une certaine reconnaissance. Soit il y a des investisseurs qui arrivent et qui rachètent la boite et donnent une autre ampleur : soit ils cassent tout, soit il garde la mise en page et le ton actuels. C'est ce que j'ai du mal à croire ; donc, je nous donne peu de chances de survivre comme on est maintenant. Cela ne peut pas durer longtemps comme cela. Cela veut dire qu'il faut évoluer.

Q : Qu'est-ce qu'il faut ? Plus de moyens ?

E. : Oui, plus de moyens. Trouver des revenus réguliers, quoi.

Q : Comment arrivez-vous à vous financer en ce moment ?

E. : Nous, on est tous salariés. On dépend de l'argent que peut nous donner la boite, malgré des retards… La boite vite des bannières publicitaires, des sites Internet qu'on peut fabriquer pour des clients. Pour l'instant, sur Lyon, on a rien parce qu'on a n'a plus de commercial. On est salarié mais on rapporte rien à la boite qui est déficitaire. Et elle cherche des investisseurs qui rentreraient dans le capital, qui assainirait la boite et qui engagerait d'autres commerciaux.

Q : Avec l'arrivé de tous ces sites sur Lyon, vous pensez tout le monde pourra continuer son activité ?

E. : Non, cela va faire des morts. A Lyon, tout le monde pense que leur audience monte, parce qu'il y a plus en plus de gens qui ont accès à Internet. A un moment donné, on va arriver à un plafond ; je crois qu'il y a 13 millions d'Internautes en France. Il y a encore de la marge. Et puis il y a pas beaucoup d'annonceurs. et tous veulent trouver des annonceurs. A Lyon, c'est vite vu : Le Progrès et tous les commerciaux qu'il a, ils ont déjà du mal à vendre des espaces publicitaires. Par contre… Il y a juste webcity qui a quelques pubs. Sinon, il n'y en a aucun qui a des espaces publicitaires payants sur leur site. Dès qu'ils auront un peu plus d'audience, ils vont vouloir taper chez les annonceurs mais ils vont s'apercevoir que les annonceurs préfèrent la radio en premier lieu. Ils préfèrent la presse écrite… Mais Internet, il va falloir être convaincant. C'est peut être paradoxal avec ce que je disais tout à l'heure. en fait, il ne restera que quelques sites.

Q : Comment vous vous différencier par rapport aux autres sites ?

E. : Au départ, on avait l'ambition d'être le canard enchaîné du web, c'est-à-dire avec plus de liberté, plus de peps, moins " institutionnel ". Ca, c'est lié avec une liberté de ton qu'on peut avoir. Je pense que c'est aussi lié à notre structure, où il y a très peu de hiérarchie. Sur Lyon, on fabrique notre site de manière artisano-professionnelle bien qu'on fabrique en HTML, on va faire de la mise en page. Alors que chez les autres, c'est tout automatisé, ils rentrent des articles dans des bases de données. Nous, on peut mettre les photos où on veut, des animations.

Q : donc, plus de flexibilité et de liberté ?

E. : Oui. Du coup, quand on regarde cette Webstub, elle est un plus vivante, parce qu'elle bouge plus.

Q : Est-ce qu'avec l'arrivée ces sites, l'information locale est vue différemment ?

E. : Oui. Cela se voit au niveau de la culture. Séverine a réussi à faire un superbe boulot en ne faisant ni trop intello-branchouille comme Lyon Capitale… Je pense que les autre sites sont arrivés à faire un peu près ça. Maintenant, au niveau de l'actu, on n'a pas encore des circuits qui nous permettent de tout savoir sur l'info locale. On n'a pas beaucoup d'infos mais je pense qu'on ne s'est pas encore assez organisé pour faire le tri dans l'info locale. Les gens qui viennent voir notre info… En tout cas, nous , on essaye de ne pas être dupe du fait qu'il y a des intermédiaires qui nous donnent des infos, contrairement à d'autres institutions qui sont liées au Progrès qui , plus institutionnalisé, est moins libre avec ces sources d'infos.

Q : Peut-on considérer la Webstub comme un "city guide" ?

E. : Non, je ne crois pas parce que je vois mal ce qu'il peut y avoir de guide dans notre journal. On essaye vraiment de faire un magazine.

Q : Vous connaissez vos concurrents ?

E. : Oui les connais, mais je n'y vais pas très souvent.

Q : Comment vous les considérez ?

E. : Il y a de tout. Si, j'ai bien aimé Viva parce que, je trouve la mise en page moche, mais ce qu'ils font est très sympa. Il y a enfin un concurrent agréable à lire. Webcity, je n'y vais pas. Lyonpeople, trop bête.

Q : Vous pensez que Vivalyon, soutenu par le PQR, est un modèle sérieux ?

E. : c'est un modèle mais on arrive toujours au même : il faut trouver des moyens pour gagner de l'argent. et ça , cela me fait halluciner de savoir comment et pendant combien de temps on peut vivre dans une économie virtuelle. Sur Viva, il y a deux bandeaux sur leur site dont un, c'est un jeu. Mais ils ont vraiment trouver un pont et les moyens de réinventer l'écriture journalistique.

Q : Vous êtes optimiste sur l'avenir de ces sites ?

E. : Oui, je suis vraiment optimiste. Cela va changer pour les habitants qui vont enfin avoir n vrai souffle pour avoir de l'info locale. Je reste optimiste parce que cela va survire et plus que survivre. Mais il yen a trop sur Lyon. Il y en a neuf à peu près sérieux et il y en d'autres qui arrivent. C'est la ville où il n'y en a le plus.

Q : l'expression " bataille des cityguides " est pertinent ?

E. : Oui. Mais on ne vit pas les uns contre les autres parce qu'on n'est pas en concurrence contact. On n'est très peu en relation. Parce que comme personne ne gagne de l'argent, personne va se battre pour avoir les mêmes annonceurs. Les seuls moments où on peut éventuellement, c'est au niveau des partenariats. Webcity est le seul à avoir des exclusivité, aucun des autres. Autrement dit, on a changé nos bannières avec Lyonpeople. Cela nous coûte rien… mais tout le monde fiat des échanges avec tout le monde. Résultat ; le type qui va arriver sur un site, il va aller de l'un à l'autre. donc, même audience pour tout le monde. Et les chiffres, ce sont pas très valables. Par contre, c'est plus facile de connaître l'audience qu'à la radio. Mais, c'est plus précis, moins on révèle. Donc, il y a des gens qui truquent les chiffres. Et puis, personne n'a intérêt à révéler les vrais chiffres pour trouver des investisseurs, nous les premiers.

Q : Vous compter travailler sur ce média ?

E. : (silence). Je ne sais pas. Je voudrais une chose qui procure autant d'adréaline et aussi intéressante. Mais, oui, peut-être. Sûrement dans ce métier.

Q : Quel métier ?

E. : un métier qui a rapport avec ce média Internet. Je ne peux pas être plus précis, aussi bien pour écrire que pour faire des pages…

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DERNIERE MISE A JOUR: 23 août 2001

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